Soirée stand up
Le samedi soir à 20 heures, retrouvez Typhaine D et son spectacle Contes à rebours. Avec humour, Typhaine D réécrit les contes de notre enfance pour « remettre le monde à l’endroit ».
« On nous raconte que le petit chaperon rouge a été bien imprudente de s’attarder à cueillir des fleurs en allant porter la galette et le petit pot de beurre, on l’avait pourtant prévenue… Finalement, ce sera un peu de sa faute si le loup la dévore. On prétend que l’ennemi de Blanche Neige, comme de Cendrillon, comme de la Belle au Bois Dormant, serait une autre femme, vaine, cruelle, jalouse de la beauté des jeunes filles.
On veut nous faire croire, dès toutes petites, que nous sommes divisées, rivales, dangereuses les unes pour les autres, que nous ne pouvons nous unir. Et que les hommes, au contraire, sont là pour nous sauver. Même ce prince, un inconnu, qui nous impose un baiser pendant nous dormons, donc sans s’enquérir de notre consentement, encore moins de notre désir. Même ce chasseur qui nous emmène, seule, loin dans la forêt pour nous tuer. Même les sept vieux petits hommes armés de haches, avec lesquels nous sommes isolées au fond des bois où personne ne nous entend crier. Même ce prince qui nous poursuit, retourne tout le royaume avec son armée, pour retrouver la femme qui pourtant l’avait fuit, laissant même, dans sa hâte, une chaussure derrière elle. Même le roi qui veut “épouser” sa propre fille…
On veut nous faire croire que les seules femmes indépendantes, qui vivent seules et libres, sont forcément de méchantes sorcières qui empoisonneront les femmes et mangeront les enfants. On nous rabâche qu’elle n’y a d’histoire que pour les BELLES
et douces princesses, et à condition qu’elles soient choisies par un prince. On nous conte le soir, dans le noir, l’histoire victorieuse et joyeuse du petit poucet, mais jamais celle des sept soeurs qu’il livre sans pitié à la violence de l’ogre, pour que soient saufs les sept frères. Elle était temps de remettre du sens dans ce fatras de mensonges et de violences, insinué, banalisé dans la tête des enfants, et qui construit nos imaginaires, nos représentations, influe sur nos comportements. Une réécriture féministe s’imposait. »